متن گزارش جدید آقای سرژ برامرتز
Septième rapport de la Commission d’enquête
internationale indépendante établi en application
des résolutions 1595 (2005), 1636 (2005), 1644 (2005)
et 1686 (2006) du Conseil de sécurité
Serge Brammertz Beyrouth
Chef de la Commission d’enquête internationale indépendante Mars 2007
Résumé
Dans sa résolution 1644 (2005) du 15 décembre 2005, le Conseil de sécurité a
prié la Commission d’enquête internationale indépendante (la Commission) de lui
rendre compte tous les trois mois du déroulement de son enquête, y compris la
coopération reçue des autorités syriennes.
Le présent rapport rend compte de l’évolution des activités d’enquête menées
par la Commission depuis son dernier rapport au Conseil (S/2006/962). Durant cette
période, la Commission a continué d’axer ses investigations sur l’affaire Hariri, qui
est sa mission première, et a fourni une assistance technique aux autorités libanaises
à l’occasion de 16 autres affaires, dont l’assassinat du Ministre de l’industrie, Pierre
Gemayel, et dernièrement, les attentats à la bombe d’Ain Alaq de février 2007.
Dans l’affaire Hariri, la Commission a fait des progrès, recueillant de nouveaux
éléments de preuve et élargissant les catégories d’éléments de preuve recueillis, ce
qui lui a permis de privilégier certains aspects pendant la période considérée, surtout
pour ce qui est d’établir ce qui a motivé la commission du crime.
La collaboration étroite de la Commission avec les autorités libanaises en
toutes matières relevant de son mandat s’est poursuivie. La Commission continue de
recevoir réponse aux demandes qu’elle adresse à d’autres États Membres, y compris
de la République arabe syrienne. Cette coopération demeure un élément précieux
pour son travail.
Depuis le dernier rapport, le climat politique et sécuritaire au Liban et dans la
région est demeuré instable. La Commission continue à suivre la situation politique
dans la région et les retombées qu’elle pourrait avoir sur ses investigations et sur les
mesures à prendre pour sa propre sécurité.
Vu ses activités d’enquête en cours et envisagées, il est peu probable que la
Commission aura achevé son travail avant l’expiration de son mandat actuel en juin
2007. Elle est donc satisfaite qu’une prorogation au-delà de cette date ait été
demandée.
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I. Introduction
1. Le présent rapport est soumis en application de la résolution 1644 (2005) du
Conseil de sécurité, en date du 15 décembre, dans laquelle le Conseil a prié la
Commission d’enquête internationale indépendante de lui faire rapport tous les trois
mois sur les progrès de l’enquête et sur les questions de coopération, y compris la
coopération reçue des autorités syriennes.
2. Ce rapport, le septième de la Commission, fait le point des questions évoquées
dans les précédents rapports au Conseil, et rend compte de l’évolution des travaux
de la Commission depuis son dernier rapport, du 12 décembre 2006 (S/2006/962).
Comme il était dit dans les rapports précédents, la Commission reste consciente de
devoir préserver le secret de ses investigations, afin de sauvegarder l’intégrité de la
procédure et de protéger ceux qui ont coopéré avec elle. Les autorités judiciaires
libanaises souscrivent pleinement à ce choix, de sorte que, loin de rendre compte
des investigations en cours de manière circonstanciée, le rapport se contente de
dresser le bilan des activités entreprises durant la période considérée.
3. Depuis le dernier rapport, le climat de sécurité au Liban et dans la région est
demeuré instable, comme le montrent les attentats à la bombe perpétrés contre deux
autocars dans le village d’Ain Alaq, non loin de Beyrouth, qui ont fait 3 morts et
20 blessés le 13 février 2007. Par ailleurs, les discussions sur la création d’un
tribunal spécial pour le Liban continuent à tenir le devant de la scène politique au
Liban et dans la région. Aussi la Commission suit-elle toujours ces questions afin
d’en être avertie si elles risquaient de retentir sur ses investigations et sur les
mesures à prendre pour sa propre sécurité.
4. Comme par le passé, la Commission a travaillé en étroite liaison avec les
autorités libanaises pour toutes les questions intéressant son mandat. Au cours de la
période considérée, plusieurs autres États lui ont aussi prêté à point nommé un
concours non négligeable touchant des questions de fond très diverses. Elle continue
aussi à recevoir des réponses de la République arabe syrienne, qui communique des
informations et lui facilite des entretiens avec des personnes se trouvant en territoire
syrien. Cette coopération demeure une composante importante de son travail.
5. La Commission a continué d’axer ses activités sur sa mission première, à
savoir l’enquête sur l’assassinat de l’ex-Premier Ministre Rafic Hariri et de
22 autres personnes. Elle est allée de l’avant, recueillant de nouveaux éléments de
preuve, et élargissant les catégories d’éléments de preuve recueillis, afin de mieux
cerner les contours du dossier et de corroborer des informations en sa possession.
Elle a ainsi pu s’intéresser spécialement à certains aspects, l’idée étant notamment
de mieux comprendre ce qui a motivé la commission du crime.
6. Le Conseil de sécurité le lui ayant demandé, la Commission a prêté son
assistance technique aux autorités libanaises à l’occasion de 14 autres affaires, de
celle de l’assassinat de Pierre Gemayel et, plus récemment, de celle des attentats à la
bombe d’Ain Alaq. Ce faisant, elle a recherché les domaines d’intérêt où elle
pouvait concourir utilement à l’enquête, tout en consacrant les ressources voulues à
l’obtention des résultats recherchés. L’objectif reste d’apporter un concours dans
chaque dossier tout en cherchant à déceler les éventuels liens de connexité entre
eux.
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7. Le programme d’analyse technique et scientifique de la Commission reste une
des composantes particulièrement importantes de ses investigations à l’appui de tous
les dossiers. La Commission a déjà réussi à corroborer certaines constatations par
l’analyse scientifique au cours de la période considérée et a entrepris plusieurs
analyses nouvelles. Cela étant, la Commission a entrepris de renforcer ses capacités
internes et externes, afin de pouvoir gérer ses projets d’analyse scientifique,
d’autant plus complexes qu’ils sont liés entre eux.
8. La Commission envisage de comparer certains profils d’ADN et empreintes
digitales à des bases de données appropriées, auxquelles lui donnera accès une
organisation internationale de lutte contre la criminalité. Elle constitue par ailleurs
sa propre base de données d’échantillons d’ADN présentant un intérêt pour les
dossier qu’elle suit, et continuera à collaborer avec les autorités libanaises et des
experts étrangers pour se procurer des éléments d’information utiles et réaliser au
besoin d’autres analyses.
II. Évolution des enquêtes
9. Au cours de la période considérée, l’enquête de la Commission sur l’assassinat
de Rafic Hariri s’est concentrée sur ses principaux objectifs, élargissant le champ
des informations et éléments de preuve recueillis. Dans la poursuite de ces objectifs,
et s’ajoutant à ses autres activités opérationnelles, la Commission a procédé durant
la période considérée à 42 entretiens liés à l’affaire Hariri.
10. La Commission a continué à prêter aux autorités libanaises un concours
technique dans les 16 autres dossiers, y compris celui de l’assassinat de Pierre
Gemayel et les attentats d’Ain Alaq. Elle a procédé à 27 entretiens, à des
investigations scientifiques sur les lieux, recueilli et examiné des pièces à conviction
provenant du lieu des attentats, réalisé des portraits-robots avec l’aide de témoins, et
recueilli des enregistrements de télévision en circuit fermé à l’appui de ses enquêtes
sur ces autres dossiers. Globalement, le but demeure d’enquêter séparément sur
chaque affaire, tout en recherchant tous liens de connexité qui existeraient entre
elles. Ces liens peuvent procéder des caractéristiques des victimes visées, des
motifs, de l’objectif de l’attentat, du mode opératoire, ou des auteurs de l’attentat.
11. Au cours de la période considérée, la Commission a mis au point et réalisé un
plan élargi de collecte d’éléments de preuve liés à toutes les affaires objet des
investigations en cours, afin d’étoffer le faisceau d’éléments de preuve recueillis sur
ces affaires, parallèlement aux entretiens de type classique. Le but était de
corroborer et d’étayer les déclarations de témoins. Elle y est parvenue en se
procurant des documents tels que dossiers de services de l’État et d’organismes
nationaux, en réalisant des projets de collecte, de recherche et d’analyse
scientifiques, notamment en constituant des inventaires et des bases de données, en
coordonnant les analyses externes d’experts scientifiques de pièces à conviction
fournies par les autorités libanaises, en exploitant systématiquement les éléments
d’information recueillis par interception des communications, en approfondissant
l’analyse des échanges de communications et analyse de la masse des données
électroniques accumulées, et en suscitant des témoins et des contacts confidentiels.
12. En procédant ainsi, la Commission croit pouvoir dresser un tableau plus
détaillé des faits qui ont entravé le crime, déceler de nouvelles pistes et corroborer
les déclarations de témoins, toutes choses particulièrement importantes pour
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déterminer les liens de connexité entre les affaires et en cerner les contours, la
manifestation de la vérité pouvant en l’espèce souffrir parfois de la subjectivité des
uns et des autres.
13. La Commission a consacré l’essentiel de son temps et de ses ressources à
l’affaire Hariri, exploitant les indices prélevés sur les lieux et recueillant des
éléments de preuve concernant les auteurs, les liens et le contexte du crime. Elle
n’oublie pas ce faisant qu’il lui faut concilier l’affaire Hariri, l’aide à apporter à
l’occasion des 14 autres dossiers, et les affaires Gemayel et Ain Alaq. Cet arbitrage
entre activités varie avec le temps, mais la Commission s’efforce de tirer parti de
méthodes profitant le plus à toutes les enquêtes tout en utilisant au mieux les
ressources disponibles.
A. L’enquête Hariri
1. Lieux du crime et questions connexes
Caractéristiques de l’explosion – analyse sismologique
14. L’analyse des données sismologiques enregistrées le 14 février 2005 au Centre
national de géophysique du Liban se poursuit, le but étant d’établir les
caractéristiques de l’explosion qui a tué Rafic Hariri. Le rapport préliminaire reçu
d’experts extérieurs corrobore les estimations antérieures de la Commission, à
savoir qu’il n’y a eu qu’une explosion, à 12 h 55 5 précises.
15. On a désormais une explication scientifique et expérimentale satisfaisante du
fait que plusieurs témoins aient entendu plus d’une explosion. On peut en fait
constater sur les sismogrammes trois phases distinctes de l’explosion, les trois
différentes ondes (ondes de volume primaire et secondaire, ondes de surface et
ondes sonores) ayant une vitesse de propagation différente. À une distance assez
éloignée, on peut facilement se méprendre en pensant que ces ondes viennent de
plus d’une explosion. Les enregistrements sonores réalisés lors des expériences de
modélisation du souffle de l’explosion viennent confirmer ces explications
théoriques.
16. Le rapport définitif sur les caractéristiques de l’explosion, qui sera
communiqué à la Commission pour son prochain rapport, comportera une évaluation
de la puissance de l’explosion, et une analyse comparée des autres explosions
survenues au Liban.
Propriétés tirées des expériences de modélisation
du souffle de l’explosion
17. L’analyse des expériences de modélisation confirme les conclusions dégagées
précédemment, selon lesquelles les phénomènes physiques observés sur les lieux
sont pleinement compatibles avec une explosion en surface. Ni la boule de feu, par
exemple, ni les dépôts de résidus de carbone sur la façade des hôtels, ni les dégâts
causés aux immeubles et aux alentours par le souffle de l’explosion, ne sont
compatibles avec une explosion souterraine.
18. En outre, une analyse complète des dossiers d’autopsie, des blessures et des
photographies connexes des victimes servira à évaluer les blessures dues au souffle
primaire (présence de lésions pulmonaires et de lésions des tympans, par exemple)
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et au souffle secondaire (projections de débris) causés par une explosion en surface.
Une première évaluation des données corrobore l’hypothèse d’une explosion en
surface. On entreprend de confirmer ces constatations par des simulations
numériques.
Thèse de l’acheminement par voie aérienne
19. La Commission examine l’hypothèse avancée devant elle en août 2006 d’un
acheminement de l’engin par voie aérienne. Elle évalue par des enquêtes et analyses
scientifiques et techniques la possibilité que l’engin ait été acheminé ainsi. Il ressort
des constatations techniques préliminaires que cette thèse est peu probable. La
Commission compte réaliser une mission d’établissement des faits, en menant des
entretiens et des entrevues avec des experts compétents en la matière, pour bien
appréhender cette hypothèse, et dégagera des conclusions dans son prochain rapport.
Examen scientifique des pièces à conviction recueillies sur les lieux
20. Comme elle l’a déjà fait savoir au Conseil, la Commission a pu établir un lien
entre des parties de véhicule trouvées dans le cratère sur les lieux et celles d’une
camionnette Mitsubishi. Elle y est parvenue à partir de documents et d’informations
techniques qu’elle a reçus du Japon, ainsi que de manuels et documents qu’elle
s’était elle-même procurés. Elle travaille encore à dresser un inventaire complet de
ces pièces à conviction, selon les normes internationales, pour présenter, une fois
l’inventaire achevé, les parties présumées du véhicule aux fins d’identification
formelle, en coopération avec des experts techniques extérieurs.
Projets de représentation visuelle
21. Trois projets de représentation visuelle ont été achevés, et un nouveau est en
cours : le but est de pouvoir présenter les éléments de preuve et faits recueillis d’une
manière qui permette de décider plus facilement des nouvelles orientations à donner
à l’enquête. Les deux premiers projets permettent de voir la ville et le lieu de
l’attentat depuis différents points de l’itinéraire emprunté par le convoi le 14 février
2005, avec des images satellitaires panoramiques et en trois dimensions. Le
troisième donne en représentation visuelle la reconstitution chronologique de la
dernière journée de Rafic Hariri, avec les communications que les auteurs de
l’attentat auraient échangées à mesure que le convoi avançait le long de son
itinéraire. Le quatrième projet (en cours) consiste à mettre au point un modèle
permettant de « parcourir » le lieu de l’attentat et montrant l’endroit précis où les
différents éléments de preuve ont été recueillis.
22. Le modèle comporte : la représentation des trajectoires et du point
d’aboutissement des éléments physiques et biologiques recueillis; la reconstitution
des faits; une animation de la camionnette Mitsubishi et des véhicules du convoi
arrivant sur les lieux de l’attentat; les dégâts causés par l’explosion; les informations
recueillies auprès de témoins; les enregistrements vidéo livrés par les caméras de
télévision en circuit fermé d’une agence proche de la HSBC; et les données des
modèles d’explosion.
Origine géographique de l’auteur présumé de l’explosion
23. Pour essayer de déterminer l’origine géographique de la personne qui aurait
fait exploser la bombe, la Commission procède selon deux méthodes. L’une consiste
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à confier à une équipe d’experts le soin de l’analyse statistique de la fréquence des
allèles à partir du profil d’ADN de 33 fragments de corps humain recueillis sur les
lieux de l’attentat. Ces fragments, qui proviennent probablement de la personne
ayant fait exploser l’engin, sont comparés avec les fréquences d’allèles des profils
communiqués par plusieurs pays. Cette opération devrait livrer une estimation de
l’origine géographique de l’auteur présumé, basée sur des probabilités.
24. La deuxième méthode consiste à expertiser les données des isotopes. La
Commission avait indiqué dans son dernier rapport que, selon les résultats de la
première phase de l’analyse, l’individu en cause n’avait pas passé sa jeunesse au
Liban mais y avait probablement vécu les deux ou trois derniers mois ayant précédé
son décès. Elle peut désormais ajouter qu’il avait été largement exposé à la pollution
au plomb en milieu urbain jusqu’à l’âge de 12 ans environ, et que cette exposition
avait été faible au cours des 10 dernières années de sa vie, ce qui laisserait présumer
qu’il a vécu dans un milieu rural pendant ladite période.
25. Pour approfondir cette piste d’enquête, la Commission a recueilli
112 échantillons de 28 provenances, en République arabe syrienne et au Liban. Elle
en réunira d’autres de trois autres pays de la région au cours des semaines à venir, et
choisira ensuite d’autres pays encore pour y recueillir d’autres échantillons.
26. Comme indiqué dans le précédent rapport, la Commission sait que les résultats
sont à interpréter avec prudence, sans méconnaître les limites de l’entreprise. Elle
traitera les résultats à venir comme éléments d’information scientifique à utiliser
surtout comme indices pour l’enquête.
Enquêtes en cours sur les lieux de l’attentat
27. Les résultats préliminaires d’examens des effets personnels d’une victime
retrouvés sur les lieux en juin 2006 ont permis de résoudre des questions en suspens,
mais la Commission poursuivra l’enquête pour livrer prochainement des résultats
définitifs.
28. La Commission continue de s’intéresser au sort d’un homme tué sur les lieux,
retrouvé en un endroit où il aurait normalement dû être protégé du souffle de
l’explosion. Une fois traduits et analysés, les documents concernant cette question
devraient permettre à la Commission de dire si cette personne présente quelque
intérêt aux fins de l’enquête.
29. Le problème de l’altération présumée des lieux de l’attentat et de l’entrave qui
aurait été faite à l’enquête du fait que des objets auraient été enlevés reste à l’étude.
La Commission procède à des analyses et poursuivra ses investigations pour décider
si ce qui a été fait l’a été de propos délibéré.
30. Plusieurs entretiens menés durant la période considérée tendaient à éclaircir
des points concernant l’état des lieux avant l’attentat, à suivre de nouveaux indices
livrés par l’analyse des déclarations de témoins et des échanges de communication,
ainsi que par des objets qui pourraient constituer des éléments de preuve. La
Commission envisage de conduire au minimum 15 entretiens supplémentaires avec
des témoins qui étaient sur les lieux, qui serviront à suivre ces pistes au cours de la
prochaine période d’enquête.
31. La Commission poursuit ses investigations sur l’acquisition et l’entreposage de
la camionnette Mitsubishi, et l’installation d’explosifs à bord. Elle a reçu un
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ensemble d’informations nouvelles à ce sujet; plus de 500 pages de données seront
traduites et analysées en priorité. La Commission suit des pistes décelées récemment
concernant la camionnette, étudie l’historique du véhicule remontant dans le temps
depuis la date la plus récente où on sait qu’il se trouvait au Liban.
32. La Commission continue à oeuvrer à établir l’itinéraire emprunté par
quiconque a conduit la camionnette Mitsubishi dans le quartier avant l’attentat, puis
vers le quartier de l’hôtel St. Georges, et enfin vers sa destination finale le 14 février
2005.
33. La Commission a pour l’essentiel élucidé la thèse selon laquelle une voiture
rouge aurait stationné devant l’hôtel St. Georges, réservant apparemment une place
à la Mitsubishi avant que cette dernière arrive sur les lieux de l’attentat. On avait dit
que la voiture était repartie pour céder la place à la camionnette. Des entretiens avec
des témoins et l’examen de photographies prises sur place juste après l’explosion
ont permis d’établir que la voiture rouge se trouvait à quelque 15 mètres de l’endroit
où s’est creusé le cratère. À ce stade, la Commission conclut, sous réserve de
nouvelles informations qui seraient mises au jour, qu’il n’y a pas de lien direct entre
ce véhicule et l’arrivée de la camionnette Mitsubishi.
2. Personnes impliquées dans la commission du crime
Communications
34. La Commission a poursuivi l’analyse des appels en vue d’étayer et de valider
différentes thèses découlant des enquêtes. Elle a beaucoup fait à titre d’appui aux
entretiens menés, le but étant de pouvoir entretenir les témoins de leurs contacts
avec d’autres personnes présentant quelque intérêt aux fins de l’affaire. Elle a
analysé les paramètres des appels, notamment la fréquence et l’heure, ainsi que les
liaisons et associations évidentes avec d’autres personnes, en vue de dégager de
nouvelles pistes d’enquête.
35. En ce qui concerne les six cartes SIM de téléphone mobile qu’aurait utilisées
l’équipe qui a exécuté l’opération le 14 février 2005, la Commission a mis au jour
de nouvelles informations concernant des opérations connexes précédentes,
notamment d’éventuelles activités de surveillance et de reconnaissance, de
répétitions et des tentatives précédentes d’assassinat sur la personne de Rafic Hariri,
ainsi que d’autres actions menées par l’équipe. L’analyse a fait ressortir de
nouveaux domaines d’intérêt qui sont actuellement à l’examen.
36. La Commission a aussi examiné, dans le cadre de l’enquête, le rôle des
personnes qui ont utilisé les six cartes SIM et les activités que l’on pourrait déduire
de leur utilisation. Cette opération, fondée sur l’analyse des appels effectuée par la
Commission, vise quatre objectifs : premièrement, confirmer le bien-fondé de
l’hypothèse selon laquelle les cartes ont pu effectivement être utilisées par les
auteurs de l’attentat; deuxièmement, déterminer si d’autres modes de
communication ont dû être utilisés entre les auteurs, et peut-être avec d’autres
personnes, pour perpétrer l’attentat; troisièmement, permettre à la Commission de
mieux comprendre comment le crime a été commis le 14 février; enfin, mieux
cerner les autres activités que les auteurs de l’attentat ont pu entreprendre, les lieux
où ils ont pu se rendre, et les raisons de tels déplacements, pendant les jours qui ont
précédé l’attentat.
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37. Cette analyse poussée permet à la Commission de se faire une meilleure idée
des auteurs de l’attentat, de leur rôle dans la perpétration du crime et des autres
activités qu’ils ont entreprises et, par suite, de dégager d’autres pistes d’enquête
dans l’espace et dans le temps qui orientent vers les activités de personnes autres
que les poseurs de bombes qui, de l’avis de la Commission, ont utilisé les six cartes
SIM.
38. L’analyse poussée de l’utilisation des six cartes SIM a mis en évidence un
certain nombre d’importants éléments d’investigations continues qui sont, sans s’y
limiter, la détermination du rôle qu’aurait joué chaque participant dans la
préparation, la planification, la surveillance et l’attentat proprement dit; le fait que
les auteurs de l’attentat aient eu à l’avance connaissance des activités et des
déplacements de Hariri; et les attentats précédents éventuels contre la vie de Hariri.
39. Selon l’une des hypothèses, les auteurs de l’attentat devaient s’assurer que
Hariri est bel et bien mort après l’explosion afin de pouvoir en revendiquer la
responsabilité au moyen de l’enregistrement vidéo et de produire ainsi l’effet
escompté auprès du public visé. Il se peut que les auteurs du crime, et ceux qui l’ont
commandité, ne pouvaient pas se permettre d’en revendiquer la responsabilité dans
les médias du monde entier si Hariri avait survécu. C’est pourquoi la Commission
étudie l’hypothèse qu’un membre de l’équipe ou un complice a été chargé de
confirmer le décès de la cible principale dès que possible et que celui-ci a contacté
une personne qui attendait l’information. Selon les informations disponibles, cela se
serait produit dans un laps de temps d’environ 45 minutes après l’explosion.
40. C’est ce qui explique l’enchaînement des faits liés à la revendication
enregistrée et aux appels téléphoniques qui ont été par la suite adressés aux médias.
La Commission réfléchit à l’hypothèse qu’un ou plusieurs membres de l’équipe de
poseurs de bombes ont été chargés de livrer la cassette et d’appeler par la suite les
médias. Elle réfléchit également à d’autres variantes de cette hypothèse pour établir
le nombre de personnes qui ont pu participer aux activités liées à l’attentat le jour où
il a été commis.
Ahmed Abou Adass
41. Au cours de la période considérée, l’enquête a permis de mieux comprendre
comment Ahmed Abou Adass a été identifié et choisi pour revendiquer l’attentat par
vidéo, où et quand et par qui il a été recruté. Selon une hypothèse, le choix s’est
porté sur lui à cause de sa personnalité et d’autres caractéristiques propres. Il se peut
que ses rapports et relations avec un ou plusieurs individus qu’il a rencontrés à son
lieu de culte l’aient conduit à quitter son domicile le 16 janvier 2005, pour des
raisons encore inconnues.
42. La Commission sait qu’Ahmed Abou Adass connaissait des personnes liées à
des groupes extrémistes, ne serait-ce que parce qu’elles fréquentaient le même lieu
de culte où il se rendait régulièrement et où il dirigeait parfois la prière. La
Commission a également procédé à des analyses poussées des appels faisant
intervenir Ahmed Abou Adass, notamment ceux effectués chez lui et à son lieu de
travail ainsi que sur les lignes appartenant à ses complices présumés.
43. Selon une hypothèse, Ahmed Abou Adass a été contraint de revendiquer
l’attentat par vidéo, ou piégé. Il a lu le message au nom d’un groupe sans indiquer
qu’il avait été l’auteur de l’attentat. S’agissant de la production de la vidéo, force est
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de noter que ses parents et les personnes qui le connaissaient avant sa disparition ont
indiqué qu’il paraissait sur l’enregistrement physiquement très différent de ce qu’il
était avant le 16 janvier 2005. Pour certains, il était encore plus mince
qu’auparavant; sa barbe était beaucoup plus fournie, signe qu’il a pu enregistrer la
cassette vers la fin de la période d’environ quatre semaines qui s’est écoulée entre sa
disparition et le 14 février 2005. En outre, il avait renoncé à son style d’habillement
habituel, portant un couvre-chef et des vêtements que ses amis proches et sa famille
ne l’avaient jamais vu porter auparavant.
44. Le fait qu’une note indiquant que le poseur de bombe était effectivement
Ahmed Abou Adass ait accompagné l’enregistrement vidéo du 14 février 2005 n’est
pas sans intérêt. De ses analyses scientifiques, la Commission conclut que ce
scénario est très peu probable. Selon une hypothèse, l’enregistrement et la note
d’accompagnement ont peut-être pour but de semer la confusion. Selon une autre, si
un groupe extrémiste a pu, dans une certaine mesure, participer à la perpétration du
crime comme indiqué dans l’enregistrement et la note, ce groupe était en fait
manipulé par d’autres pour un objectif qui n’avait rien à voir avec ses propres
aspirations en tant qu’organisation.
45. La Commission continue donc d’explorer les diverses pistes s’agissant du
groupe qui a exécuté le crime. Elle a reçu des informations concernant des
personnes en activité au Liban et ailleurs qui ont pu avoir concouru à la production
de l’enregistrement d’Ahmed Abou Adass, et qui ont pu avoir participé à l’attentat
contre Rafic Hariri d’une façon ou d’une autre. À cet égard, la Commission a
effectué plusieurs missions hors du Liban, procédé à 23 entretiens, effectué des
recherches sur plus de 200 giga-octets de données provenant de plusieurs
ordinateurs, lecteurs USB, CD-ROM, téléphones mobiles et cartes SIM, et analysé
un volume considérable d’appels.
46. Selon une hypothèse, une poignée d’individus appartenant à un groupe plus
vaste ont pu se mettre ensemble pour enregistrer la vidéo dans laquelle la
responsabilité de l’attentat a été revendiquée, se procurer la camionnette Mitsubishi
et la préparer pour l’attentat en y posant les charges d’explosifs. Elles ont pu
également participer au recrutement de l’homme qui devait déclencher la bombe, et
elles ont pu aussi aider à transporter l’intéressé et la bombe sur le lieu du crime.
47. La Commission a un certain nombre de pistes à explorer, d’autres entretiens à
mener ainsi que d’autres analyses d’appels et missions de collecte de données
médico-légales à effectuer. Elle attend la dernière analyse scientifique de divers
objets qui pourraient être liés à cette hypothèse, notamment les caméras vidéo et le
matériel connexe, les cassettes vidéo, des ordinateurs et d’autres articles. Ces objets
ont été précédemment envoyés au laboratoire, le but étant d’y rechercher des traces
d’ADN et des empreintes digitales et de faire procéder à des analyses scientifiques.
À ce jour, 118 échantillons ont été recueillis et seront analysés aux fins d’établir des
profils d’ADN nucléaire et mitochondrial, et 127 empreintes digitales ont été
prélevées.
Personnes ayant eu au préalable connaissance de l’attentat
48. La Commission pense que, outre les personnes directement impliquées dans la
perpétration du crime et celles qui l’ont commandité, d’autres individus ont pu avoir
au préalable connaissance de l’attentat. Certains ne disposaient probablement que
d’informations partielles; par exemple, ils savaient l’existence de la bombe sans
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connaître la personne visée, ou ils savaient que Hariri devait être tué mais pas la
date exacte de l’attentat. La Commission étudie également les hypothèses selon
lesquelles certaines personnes connaissaient à la fois la personne visée et l’heure de
l’attentat, et ce pour des raisons précises.
49. La Commission exploite une hypothèse selon laquelle la dernière phase de
l’opération d’assassinat de Hariri a pris forme au début de février 2005. C’est à ce
moment-là que tous les éléments nécessaires ont été rassemblés, à savoir : la
camionnette, qu’on s’est procurée et qu’on a préparée pour l’attentat en la truffant
de charges d’explosifs; l’homme chargé de déclencher la bombe, qu’on a préparé,
encadré et apprêté pour l’opération; l’acquisition du minimum d’informations
nécessaires et la réalisation d’activités de surveillance et de reconnaissance, pour
être en mesure d’exécuter l’opération; l’équipe de poseurs de bombes qui n’est pas
détectée et est en mesure d’exécuter l’opération; l’enregistrement du message
d’Ahmed Abou Adass effectué et prêt à être livré dès après le succès de l’opération;
et, surtout, l’intention de mener l’opération à son terme, qui habite encore les
commanditaires du crime.
50. Selon une hypothèse, l’équipe avait retenu le principe d’exploiter toute
« fenêtre » pour perpétrer l’attentat contre Hariri et non un jour précis, étant donné
l’importance de la cible et le temps qu’aurait exigé les préparatifs d’ensemble de
l’attentat. Ce temps se mesurait sans doute en semaines davantage qu’en jours.
51. Certains individus susceptibles de présenter quelque intérêt ont manifestement
modifié leur emploi du temps pendant cette période, l’équipe ayant entamé les
dernières activités préalables à l’attentat. La Commission, qui s’intéresse à ces
questions, s’aperçoit que les attitudes, les comportements et les observations de
certaines personnes au cours de la période qui a précédé l’assassinat sont peut-être
dignes d’intérêt.
3. Mobiles de l’assassinat de Rafic Hariri
Emploi du temps de Rafic Hariri
52. Comme elle l’a indiqué dans ses précédents rapports au Conseil, la
Commission a recueilli toute une masse d’éléments de preuve et d’informations
concernant les 15 derniers mois de la vie de Rafic Hariri. Il s’en dégage un tableau
complexe et multidimensionnel, qui explique en partie les mobiles qui ont présidé à
la décision de l’assassiner. Cet aspect de l’enquête de la Commission se poursuit, et
il est peu probable qu’il soit mené à terme au cours des trois mois à venir étant
donné le travail considérable à accomplir.
53. L’environnement dans lequel évoluait Hariri pendant cette période était
marqué par les facteurs suivants : l’adoption par le Conseil de sécurité de la
résolution 1559 (2004) et les conséquences politiques de son application; la
prorogation du mandat du Président libanais, Émile Lahoud; la dynamique
personnelle et politique qui existait entre Hariri et d’autres partis politiques et
dirigeants du Liban, de la Syrie et d’autres pays; les préparatifs et manoeuvres dans
la perspective des élections législatives qui devaient se tenir en mai 2005 ainsi que
d’autres affaires auxquelles il était partie, tous facteurs intervenant simultanément,
qu’Hariri gérait, parfois par anticipation, parfois sous l’effet des événements. Pour
la Commission, il est probable que ces facteurs ont concouru à créer la situation qui
a engendré le mobile et l’intention de l’assassiner.
12
0727089f.docS/2007/150
54. Si la Commission s’est précédemment intéressée à tout un faisceau de mobiles
possibles, elle en a considérablement réduit le nombre au cours de la période
considérée, privilégiant la piste des activités politiques de Hariri. La Commission
s’emploie à reconstituer les faits selon un scénario qui va bien au-delà de la façon
dont elle concevait les faits jusqu’ici.
55. Dès lors qu’elle appréhende les dominantes de la situation, il lui apparaît
désormais que Hariri était, aux yeux d’aucuns, vulnérable du point de vue de la
sécurité. Tout porte à croire toutefois qu’il a reçu des assurances qu’il ne serait pas
la cible d’un attentat et que, jusqu’à ses derniers jours, il demeurait convaincu, ne
serait-ce qu’en apparence, qu’il ne serait pas victime d’un attentat.
56. La Commission continue d’explorer l’hypothèse que la menace pesant sur
Hariri était assez grave pour conduire aussi bien la classe politique libanaise que la
communauté internationale à entreprendre d’améliorer la situation.
57. Au cours des derniers mois de sa vie, Hariri était tout occupé aux élections
prévues en 2005. Ses intentions concernant les élections, dont on disait qu’il les
remporterait, ainsi que ses relations politiques et personnelles avec d’autres partis et
leurs dirigeants sont des aspects particulièrement importants des travaux de la
Commission dans ce domaine, surtout quand on sait les rivalités qui opposaient
certaines personnalités politiques à l’époque.
58. Pendant cette période, Hariri était en négociation avec d’autres personnes, dont
des candidats potentiels, et le projet de loi électorale avait suscité un vif intérêt,
s’agissant notamment du découpage des circonscriptions électorales au Liban et en
particulier à Beyrouth. Par ailleurs, Hariri revoyait son programme politique, qu’il a
rendu public le jour de son assassinat.
59. Il convient de noter que Hariri a été tué le jour où le Parlement devait tenir un
débat sur la loi électorale qui serait appliquée lors des élections à venir. Selon une
autre hypothèse de travail retenue par la Commission, ceux qui ont décidé de
l’assassiner ont jugé avantageux de le tuer avant qu’il n’entame officiellement sa
campagne électorale, d’autant que les médias à l’époque le donnaient vainqueur.
60. La Commission a établi que Hariri travaillait à différents niveaux politiques et
professionnels, ce qui se ressentait dans la nature et la portée des informations, des
vues et des positions qu’il examinait avec ses interlocuteurs. En témoignent les
informations que la Commission a recueillies auprès de certains de ses amis,
connaissances, interlocuteurs politiques et adversaires déclarés.
61. Il est donc indispensable que la Commission continue d’avoir accès aux
interlocuteurs politiques et diplomatiques de Hariri ainsi qu’aux personnes
participant à la dynamique politique et diplomatique à tous les niveaux à retenir. La
Commission entend poursuivre sa coopération avec ces personnes, dont des
fonctionnaires, le cas échéant, afin de mener à bonne fin ses investigations.
62. La Commission exploite une hypothèse selon laquelle pendant la période qui a
immédiatement précédé sa mort, Hariri et d’autres personnalités de l’échiquier
politique national et international entreprenaient de dissiper les tensions qui avaient
surgi entre lui et d’autres personnes sur le plan politique. Au rang de ces initiatives,
figurait apparemment l’ouverture d’un dialogue diplomatique et politique entre des
ressortissants syriens et libanais et Hariri. Ce dialogue avait précédemment été
0727089f.doc
13S/2007/150
organisé par d’autres voies syriennes et libanaises, ce qui avait manifestement
suscité les méprises et aggravé la situation politique déjà tendue.
63. Selon une hypothèse, la décision initiale de tuer Hariri a été prise avant les
dernières tentatives de rapprochement et plus probablement avant le début de
janvier 2005. Il se peut donc que pendant les dernières semaines qui ont précédé son
assassinat, deux scénarios, qui ne sont pas nécessairement liés, aient été en
présence : d’une part, Hariri avait engagé des initiatives de rapprochement et,
d’autre part, on préparait son assassinat.
Autres domaines d’enquête utiles
64. De façon plus générale, la Commission continue de rechercher des
informations qui lui permettent d’élargir et d’approfondir sa connaissance du
contexte politique et de l’état de sécurité au Liban avant et après l’assassinat de
Hariri. À cette fin, elle a reçu d’importants documents de certains organismes
libanais et continue d’en solliciter davantage en appliquant des critères rigoureux.
Elle continuera à demander tous documents utiles et envisage d’étendre cette
initiative à d’autres organismes et à d’autres formes de données en tant que de
besoin.
65. De même, la Commission a procédé à trois entretiens avec des responsables
syriens en rapport avec le lieu où se trouve une partie des archives ramenées du
Liban au moment du retrait syrien en 2005. Comme suite à ces entretiens, elle a
effectué deux missions d’exploitation de documents dans deux localités en Syrie en
vue de récupérer les documents historiques établis à une période donnée propres à
permettre de mieux cerner le contexte. Ces missions, effectuées de concert avec les
autorités syriennes, ont produit des résultats utiles s’agissant de la sélection et de la
mise à disposition des informations. D’autres demandes d’assistance seraient
adressées à cet égard au cours de la période qui fera l’objet du prochain rapport.
66. La Commission continue d’élucider les questions entourant les personnes qui
auraient eu des transactions financières avec Rafic Hariri, en particulier à l’approche
du 14 février 2005. Il s’agit d’un domaine d’enquête complexe; la Commission ne
s’y intéressera que dans la mesure où les nécessités de l’enquête le dicteraient.
B. Assistance technique fournie dans le cadre
des autres dossiers
1. Les 14 autres affaires
67. Au cours de la période considérée, la Commission a également apporté aux
autorités libanaises une assistance technique tendant à dégager des points communs
entre un certain nombre d’attentats, entreprise qui devrait se poursuivre dans le
même sens au cours de la prochaine période. Des experts extérieurs procèdent
actuellement à une analyse sismologique de ces 14 affaires et devrait en remettre
leurs conclusions avant la fin de la prochaine période.
Les six attentats ciblés
68. Au cours de la période considérée, la Commission a mené 17 entretiens
concernant les six attentats ciblés, et en a ainsi pratiquement fini avec ces entretiens
avec les rescapés, leur famille et leurs proches. Ces entretiens avaient
14
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principalement pour objectif de déterminer l’emploi du temps des victimes au cours
de leurs derniers jours ainsi que d’éventuels mobiles; de bien comprendre les
dispositions que les victimes auraient prises pour assurer leur sécurité et, le cas
échéant, de déterminer si elles étaient sous surveillance, et enfin de savoir si elles
avaient reçu des menaces ou des assurances. Ils ont permis de déceler un certain
nombre de pistes qui seront suivies au cours des semaines et des mois à venir.
69. La Commission a également bouclé un certain nombre de rapports d’analyse
des dossiers établis par les autorités libanaises au sujet de ces 6 attentats et a
présenté à cette occasion 12 demandes d’assistance aux autorités. Elle a en outre
analysé les communications en prévision des entretiens concernant un certain
nombre d’affaires. Elle continue de rechercher des points communs au niveau des
communications entre les scénarios de ces attentats ainsi que d’éventuelles
similitudes entre les affaires. Elle poursuivra ces analyses et ces recherches au cours
de la prochaine période et analysera par ailleurs les indices recueillis sur le lieu de
chaque attentat – restes d’engins explosifs et autres éléments jugés utiles.
Parallèlement, elle cherchera à déterminer le mode opératoire des poseurs de bombe,
de façon à mieux cerner les points communs entre les divers attentats.
70. La Commission procède à la traduction, selon l’ordre de priorité qu’elle a
établi, d’un certain nombre de rapports de police scientifique et de police
communiqués par les autorités libanaises, qui seront envoyés à une équipe externe
de spécialistes pour analyse. Elle examinera également tous les autres rapports
scientifiques et éléments aux mains des autorités libanaises, et dressera l’inventaire
de l’ensemble des pièces à conviction et des documents, dont elle poursuivra
l’examen.
71. La Commission souhaite par ailleurs que les autorités libanaises facilitent
l’expertise des véhicules des victimes et des autres voitures dans lesquelles avaient
été placés les engins utilisés lors des attentats. Elle a déjà réalisé une première
expertise des véhicules disponibles, qu’une équipe d’experts a été invitée à
expertiser afin de rechercher des indices concernant le mode opératoire des attentats
et, si possible, d’établir des liens avec d’autres attentats. Les experts ont emporté un
certain nombre des pièces à conviction et de résidus pour les analyser de manière
plus approfondie.
72. La Commission a d’autre part reçu récemment le projet de rapport des experts
invités qui ont examiné le lieu de l’attentat qui a coûté la vie à Gebran Tueni. Ces
experts ont examiné, outre les 32 pièces à conviction recueillies par les autorités
libanaises, 190 autres pièces à conviction qu’ils avaient eux-mêmes recueillies.
73. Les experts ont confirmé que l’attentat avait été commis au moyen d’explosifs
puissants et ont conclu que l’engin avait été placé dans un véhicule Renault Rapid et
que l’explosion avait été déclenchée au passage de la Range Rover de Tueni.
L’explosion a très probablement été télécommandée : l’emploi d’une minuterie
paraît en effet peu probable, les auteurs de l’attentat n’ayant pu savoir à l’avance à
quel moment précis le véhicule de Tueni passerait devant l’endroit où se trouvait le
véhicule piégé. Il est également très peu probable qu’il se soit agi d’un attentatsuicide
puisque aucun reste humain autre que ceux appartenant aux trois victimes
n’a été retrouvé sur les lieux de l’attentat.
74. Les experts ont également conclu que l’attentat contre Tueni avait eu lieu à un
endroit propice à un attentat à la bombe, à savoir une route étroite, le long d’une
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15S/2007/150
crête de montagne, qui permettait d’avoir depuis la zone environnante une vue
dégagée du véhicule dans lequel avait été placé l’engin et donc d’en télécommander
le déclenchement.
75. Dans l’affaire El-Murr, la Commission a demandé à un portraitiste de dessiner
le portrait-robot de deux individus au comportement suspect, dont l’un avait été
aperçu la nuit avant l’attentat et l’autre fuyant le lieu de l’attentat. À ce stade, la
Commission ne pense pas que les deux suspects soient une seule et même personne.
Les huit attentats à la bombe
76. Concernant les huit attentats à la bombe qui n’étaient dirigés contre telles ou
telles personnes en particulier, la Commission continue comme prévu d’apporter une
assistance technique aux autorités libanaises en examinant et en analysant les
dossiers transmis par le Procureur général et les juges d’instruction.
77. La Commission a adressé sept demandes aux autorités libanaises, concernant
notamment de nouvelles déclarations de témoins et de suspects, des films vidéo,
toutes communications interceptées disponibles et des informations au sujet des
véhicules présentant un intérêt.
78. Il s’agit dans un premier temps d’analyser chacun des huit attentats et de faire
des suggestions quant aux mesures que pourraient prendre les autorités libanaises
dans le cadre des enquêtes. Par la suite, il s’agira de continuer à chercher à
déterminer l’identité des auteurs des attentats, leurs mobiles, leurs intentions et leurs
modes opératoires.
79. Pour ce faire, comme dans le cas des six attentats ciblés, la Commission
procédera à une première analyse des pièces à conviction trouvées sur place et
étudiera le lieu de chaque attentat avec des experts afin de dégager une première
évaluation du mode opératoire utilisé.
2. L’affaire Pierre Gemayel
80. La Commission continue d’apporter un appui technique aux autorités
libanaises en menant des entretiens, en analysant les déclarations de témoins, en
recueillant les images filmées par les caméras de surveillance, en effectuant un
travail d’analyse scientifique, en analysant les communications et en procédant à la
reconstitution des faits au lieu de l’attentat. À cette fin, elle a présenté 10 demandes
d’assistance aux autorités libanaises.
81. À la suite de l’enquête menée sur place en novembre 2006, trois jours après
l’assassinat, la Commission a remis, pour analyse et expertise, 240 pièces à
conviction, dont des échantillons d’ADN, des empreintes digitales, des téléphones
portables, et des traces balistiques et de transfert.
82. Il ressort des premiers résultats que la voiture de la victime n’était pas équipée
d’un système GPS, qui aurait pu fournir des informations sur ses déplacements. La
marque et le modèle d’au moins un des véhicules utilisés par les auteurs ont été
établis. Par ailleurs, 22 échantillons d’ADN recueillis en divers endroits du véhicule
utilisé par Pierre Gemayel ont été analysés. L’ADN de deux victimes a été retrouvé
en de nombreux endroits, et huit échantillons prélevés sur les portières du véhicule
appartiennent à Pierre Gemayel mais également à plusieurs inconnus.
16
0727089f.docS/2007/150
83. La Commission a réalisé une analyse balistique détaillée des 49 douilles et
55 balles ou morceaux de balles recueillies sur les lieux de l’attentat et peut
désormais affirmer qu’au moins cinq armes différentes ont été utilisées. En outre,
elle a préparé des planches photo des armes et s’est procuré des enregistrements
sonores de différentes armes en prévision des entretiens. Les déclarations de
témoins recoupent les résultats scientifiques qui ont permis à la Commission de se
faire une idée plus précise des armes utilisées dans cet attentat.
84. Les portraits robots des assassins présumés de Pierre Gemayel fournis par les
autorités libanaises, qui ont été récemment diffusés, feront partie d’une base de
données qui sera constituée d’ici le prochain rapport de la Commission.
85. La Commission a décelé de nouvelles pistes, notamment à partir des images
des caméras vidéos situées à proximité du lieu de l’attentat. Ces images ont été
envoyées pour expertise à un laboratoire. Cette expertise est en cours, de même que
la reconstruction en trois dimensions et l’examen scientifique de divers articles
retrouvés sur les lieux de l’attentat ou susceptibles d’avoir quelque rapport avec
l’attentat et présentant un intérêt potentiel. La Commission continuera dans un
avenir prévisible d’apporter un concours technique aux autorités libanaises dans ce
dossier.
3. Les attentats d’Ain Alaq
86. La Commission a pris une série de mesures, notamment scientifiques, afin
d’aider les autorités libanaises à enquêter sur ces attentats, qui ont fait trois morts et
plusieurs blessés le 13 février 2007. Une équipe d’experts a procédé à des analyses
scientifiques sur place, et en particulier a expertisé pendant cinq jours, du 20 au
24 février 2007, les autobus de marque Mitsubishi et Kia qui avaient été visés.
87. L’équipe a recueilli 127 pièces à conviction ainsi que 242 roulements à bille en
acier provenant des explosions. Elle a procédé à une première analyse de ces divers
articles et soumettra son rapport d’ici le prochain rapport de la Commission. Il
appert des premiers résultats qu’un engin explosif se trouvait à l’intérieur de chaque
autobus, et que chaque engin renfermait environ 1,5 kilogramme d’explosif,
peut-être du TNT. Le poids total des roulements à bille en acier, tous de même
diamètre, était compris entre 750 grammes et 1 kilogramme environ. Les expertises
balistiques ont confirmé que ces roulements à bille entouraient l’explosif.
88. Les engins se trouvaient au même emplacement dans chaque autobus, à savoir
vers l’arrière et sous un siège à gauche. Au moment de l’explosion, l’engin placé à
bord de l’autobus Mitsubishi se trouvait à environ 0,75 mètre au-dessus du sol et
celui dans l’autobus de marque Kia à environ 1,10 mètre au-dessus du sol. Un petit
nombre de pièces à conviction pourraient provenir des systèmes d’allumage, peutêtre
télécommandés, probablement à minuterie. Plusieurs fragments de sacs qui ont
peut-être été utilisés pour transporter les engins explosifs ont été récupérés et remis
pour expertise.
89. Le rapport d’enquête final, ainsi que les résultats de l’expertise des pièces à
conviction (ADN, empreintes digitales et explosifs) seront reçus au cours de la
prochaine période d’examen.
90. On ignore toujours le mobile de ces attentats, et pourquoi leurs auteurs ont
choisi ce lieu, cette date et cette heure précis. Pour ce qui concerne le mode
opératoire, la présence de roulement à bille donne à penser que l’objectif était de
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17S/2007/150
faire le plus grand nombre de blessés possible avec la quantité relativement faible
d’explosifs utilisée. On ne peut dire à ce stade si les bombes ont été placées par une
ou deux personnes, et si d’autres personnes étaient également impliquées dans ces
attentats. La Commission étudie un certain nombre d’hypothèses à cet égard, en
coopération avec les autorités libanaises.
III. Coopération extérieure
A. Interaction avec les autorités libanaises
91. Au cours de la période considérée, la Commission a continué de collaborer
étroitement avec les autorités libanaises dans le cadre de l’affaire Hariri et des
16 autres dossiers. Cette collaboration a pris la forme de réunions régulières entre la
Commission et le Procureur général et ses collaborateurs, ainsi que d’échanges avec
les juges d’instruction saisis des divers dossiers et avec le représentant de haut
niveau désigné par les Forces de sécurité interne.
92. La Commission a par ailleurs échangé un volume considérable d’informations
(documents, rapports, etc.) avec les autorités libanaises. Elle continue de
communiquer aux institutions compétentes les renseignements utiles qu’elle
recueille à l’occasion de ses enquêtes, notamment des renseignements pouvant avoir
quelque rapport avec des personnes que les autorités libanaises gardent en détention,
en veillant à ne pas nuire aux intérêts de ses sources.
93. La Commission a continué de compter sur la coopération et l’assistance des
autorités libanaises, d’autant plus que le nombre d’affaires dont elle est saisie a
augmenté et que ses enquêtes sur l’assassinat de M. Hariri, les 14 autres dossiers, le
meurtre de M. Gemayel et les attentats d’Ain Alaq ont progressé, l’amenant à élargir
le champ de ses investigations.
94. Ainsi, au cours de la période considérée, la Commission a adressé 57 requêtes
officielles au Procureur général, tendant notamment à ce que celui-ci l’aide à obtenir
des documents ou renseignements et à organiser des entrevues et autres missions en
territoire libanais. Les autorités libanaises ont promptement donné toute la suite
voulue à ces requêtes.
B. Coopération avec la République arabe syrienne
95. La République arabe syrienne a continué d’apporter à la Commission une
coopération globalement satisfaisante, comme les résolutions 1636 (2005) et 1644
(2005) du Conseil de sécurité lui en font l’obligation et comme envisagé dans
l’accord conclu entre elle et la Commission en 2006.
96. Au cours de la période considérée, la Commission a adressé quatre demandes à
la République arabe syrienne tendant à ce que celle-ci l’aide à obtenir des
renseignements sur des personnes, des groupes et des questions qui l’intéressaient et
à organiser des entrevues et des missions en territoire syrien.
97. Par la suite, à partir de décembre, elle a mené diverses activités d’enquête en
République arabe syrienne. Elle a entendu diverses personnes, avec des résultats
variables; rencontré des représentants du Gouvernement syrien; prélevé des
18
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échantillons en divers endroits de la Syrie, pour le projet d’analyse scientifique
visant à déterminer l’origine géographique de la personne qui a fait exploser
l’engin; et réuni des documents provenant de deux lieux d’archivage. Les trois
dernières missions, en particulier, ont été organisées et facilitées par les autorités
syriennes, qui ont fait preuve de professionnalisme et de célérité.
98. La République arabe syrienne a continué de déférer aux demandes de la
Commission dans des délais raisonnables et la Commission sait gré aux autorités
syriennes du soutien logistique qu’elles lui ont apporté et des mesures de sécurité
qu’elles ont prises pour lui permettre de mener ses activités en Syrie. La
Commission continuera de solliciter l’entière coopération de la Syrie, sur laquelle
elle doit absolument pouvoir compter pour être en mesure de s’acquitter de son
mandat dans les meilleurs délais.
C. Coopération avec d’autres États
99. La Commission continue de compter sur les États pour lui fournir des
informations et mettre des compétences à sa disposition, ainsi que, le cas échéant,
pour l’aider à s’acquitter de sa mission sur leur territoire. Au cours de la période
considérée, elle a adressé au total 40 nouvelles demandes d’assistance officielles à
23 pays, sans compter la Syrie et la Libye.
100. La Commission est très reconnaissante aux États qui ont promptement donné
toute la suite voulue à ses demandes, ce qui lui a été extrêmement utile.
101. Comme la Commission l’a relevé dans son dernier rapport au Conseil, le fait
que certains États mettent peu d’empressement à répondre à ses demandes pourrait
sérieusement nuire à son travail, notamment lorsque ces demandes intéressent
l’organisation d’entrevues, la communication de renseignements concernant le lieu
où se trouvent certaines personnes, ou l’apport d’assistance technique.
102. Dans son précédent rapport, la Commission avait indiqué qu’elle attendait
encore que 10 États donnent suite à ses demandes. Étant donné l’intérêt de
l’assistance demandée et le délai dans lequel elle voudrait achever ses activités
d’enquête, la Commission a relancé ses interlocuteurs. Elle a rencontré plusieurs
ambassadeurs pour les entretenir des demandes en souffrance. Grâce à ces
rencontres, quasiment toutes les demandes pendantes ont reçu la suite voulue, la
Commission ayant obtenu des réponses et, le cas échéant, des mécanismes ayant été
créés pour faciliter le règlement des questions en suspens.
IV. Appui administratif et questions de sécurité
A. Recrutement
103. Ces trois derniers mois, la Commission a pris une série de mesures de gestion
pour rationaliser ses procédures internes d’appui opérationnel et continuer à
pourvoir les postes vacants. Au cours de la période considérée, elle a, avec l’aide du
Département des opérations de maintien de la paix, recruté 35 fonctionnaires
internationaux et 5 agents recrutés sur le plan national. En mars, la procédure de
recrutement de 30 candidats supplémentaires était en bonne voie. La Commission
n’aura de cesse qu’elle dispose d’effectifs suffisants.
0727089f.doc
19S/2007/150
104. La Division des enquêtes comptait 41 fonctionnaires et consultants en mars
2007, contre 29 en décembre 2006. Des analystes, des enquêteurs, des juristes et des
experts de police scientifique, ainsi qu’un administrateur de bases de données, sont
en train d’être recrutés.
105. La Commission collabore étroitement avec le Département des opérations de
maintien de la paix afin d’avoir la souplesse opérationnelle dont elle a besoin pour
s’acquitter de son mandat, surtout en ce qui concerne les effectifs. Elle a
officiellement demandé à plusieurs États Membres de l’aider à trouver des
spécialistes de la gestion des bases de données, dont elle a grand besoin et qui lui
seraient d’une énorme utilité.
106. Tous les postes supplémentaires demandés dans le budget pour 2007 ayant été
approuvés, la Commission est dotée au total de 188 postes de fonctionnaire
international. Grâce aux postes supplémentaires, elle pourra s’acquitter plus
rapidement de son mandat puisque davantage d’activités d’enquête pourront être
menées de front et que les tâches d’appui opérationnel seront exécutées de façon
plus rationnelle. Des 188 postes susmentionnés, 104 sont pourvus, 41 des 51 postes
d’agent recruté sur le plan national étant pourvus, cependant que la procédure de
recrutement des 10 autres est en bonne voie.
107. Il subsiste des difficultés de recrutement et de rétention du personnel
linguistique international, notamment des interprètes, traducteurs et transcripteurs
de langue arabe. La Commission a beaucoup de mal à trouver des candidats
valables. À ce jour, seuls 3 des 27 postes ont été pourvus, ce qui crée des blocages
et, partant, des retards dans les activités d’enquête. La Commission a pris diverses
initiatives pour remédier au problème.
B. Sécurité
108. Depuis le dernier rapport de la Commission, la sécurité est restée précaire et
imprévisible au Liban et dans la région. L’explosion des deux bus à Ain Alaq et la
découverte de nombreux explosifs et engins explosifs improvisés aux alentours de
Beyrouth et plus loin contribuent à l’instabilité. La coordination et la coopération
avec les forces de sécurité libanaises demeurent excellentes et aucun effort n’est
épargné pour que la Commission puisse s’acquitter de son mandat en toute sécurité,
ce dont elle est extrêmement reconnaissante.
109. Les problèmes de sécurité et les restrictions qui en découlent ont des
incidences pour la Commission et ses activités d’enquête; c’est pourquoi diverses
mesures ont été prises pour limiter les risques et pourvoir à la sécurité du personnel
de la Commission, afin qu’il puisse travailler efficacement.
110. L’évolution de l’état de sécurité est constamment analysée et prise en compte
sur le plan opérationnel. Les mesures de gestion des crises, les procédures
d’évacuation et les plans de continuité des opérations sont actualisés en fonction des
facteurs qui influent sur le climat de sécurité dans lequel la Commission évolue.
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0727089f.docS/2007/150
V. Conclusions
111. L’objectif stratégique premier de la Commission demeure d’enquêter sur
l’assassinat de Rafik Hariri et de 22 autres personnes et de fournir une assistance
technique aux autorités libanaises dans le cadre des autres dossiers. Dans l’affaire
Hariri, pour atteindre ses objectifs, la Commission entend continuer à établir les
faits et à rechercher tous liens de connexité avec les autres affaires, et ce, dans les
délais les plus brefs possibles et dans le respect des normes juridiques applicables.
112. Au cours de la prochaine période de trois mois, la Commission continuera de
mener ses enquêtes selon les axes décrits dans le présent rapport. Elle s’efforcera de
mener des entretiens avec 50 des quelque 250 personnes qu’elle a décidé d’entendre.
Elle compte aussi obtenir, en vue de les analyser, de nouveaux documents,
documents électroniques et données relatives aux communications.
113. La Commission sait gré au Procureur général du Liban de l’appui sans réserve
qu’il lui prête, en particulier en ce qui concerne les activités d’enquête délicates et
compliquées qu’elle a entreprises ou envisage de mener. La Commission et le
Procureur général continueront l’un et l’autre à faire le nécessaire pour garantir la
sécurité et la confidentialité aux témoins et au personnel de la Commission.
114. La Commission mesure, au fil de son enquête, combien l’affaire Hariri est
compliquée. Au cours de la période considérée, elle a ramené les hypothèses de
mobile à celles liées aux activités politiques de l’ancien Premier Ministre. Elle a
désormais une bien meilleure idée des faits et a décelé des liens très intéressants
entre les principaux éléments du dossier et entre les différentes parties de ces
éléments. La Commission pense pouvoir, dans les trois prochains mois ou peut-être
au-delà, reconstituer les faits de manière cohérente à partir de nouveaux éléments de
preuve, l’idée demeurant de relier les principaux auteurs à d’autres personnes qui
étaient au courant du crime, ont participé à son exécution ou ont concouru aux
préparatifs nécessaires.
115. En ce qui concerne les autres dossiers, la Commission continue d’apporter une
assistance technique aux autorités libanaises, en menant des actes d’enquête qu’elle
juge propres à faire avancer chaque dossier sans trop mettre à mal ses ressources.
Elle continue de rechercher des liens de connexité entre les différents dossiers et, si
possible, avec l’affaire Hariri. Elle estime que, les informations relatives à toutes les
affaires s’accumulant, elle devrait pouvoir mettre au jour des liens de ce type au
cours des trois prochains mois.
116. La Commission note que le Liban, la Syrie et les autres États ont, dans la
plupart des cas, promptement donné la suite voulue aux demandes qu’elle leur avait
adressées. Elle continue d’avoir absolument besoin de l’assistance de tous ces États
pour bien mener ses enquêtes.
117. La Commission note aussi que le climat politique et la sécurité précaire que vit
le Liban, et la question du recrutement et de la rétention d’un personnel qualifié
agissent sur son aptitude à s’acquitter de son mandat dans les délais fixés. Elle
continuera, tout en poursuivant ses travaux, de s’efforcer de s’accommoder de ces
facteurs.
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21S/2007/150
118. Enfin, la Commission poursuit ses travaux dans la perspective de la création
d’un tribunal spécial pour le Liban. Compte tenu des activités d’enquête qu’elle
mène et envisage encore de mener, comme il ressort du présent rapport, il est peu
probable qu’elle aura achevé ses travaux d’ici l’expiration de son mandat, en juin
2007. Elle accueille donc avec satisfaction la demande de prorogation de son
mandat.